Spectacles IN

QUI SOM ?

« Qui sommes-nous ? » C’est la question que pose la compagnie franco-catalane Baro d’evel : une question qui se conjugue aussi bien au présent qu’au passé et au futur. Invités pour la première fois au Festival d’Avignon, ces artistes issus du cirque sont passés – de la rue au chapiteau – par tous les états du spectacle vivant avant de se fixer dans les théâtres. Ils déploient des performances pleines d’humour, inventives et généreuses, de fabuleux voyages dont le public est partie prenante. Mêlant comédiennes et comédiens, danseuses et danseurs, musiciennes et musiciens, acrobates, clowns et céramiste, Qui som? libère une incroyable énergie vitale, une explosion de couleurs et de formes qui appelle de ses vœux un monde à venir : ce monde qui se fabrique dans l’argile et dans nos corps, en lutte contre les forces du désespoir et du renoncement. 


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HECUBE, PAS HECUBE

Hécube, pas Hécube est une tragédie née entre les lignes d’une tragédie, écrite à même la peau des interprètes de la Comédie-Française. Tiago Rodrigues met en scène la vie de Nadia, qui s’organise entre les planches du théâtre et le parquet du tribunal. Nadia répète Hécube (la pièce d’Euripide) tout en se battant pour que justice soit rendue à son fils, autiste, maltraité par l’institution qui l’a pris en charge. Alors qu’approchent la première du spectacle et le verdict du procès, le monde bascule autour d’elle. Nadia n’est pas Hécube mais sa vie est percutée de plein fouet par la légende de l’ancienne reine de Troie, devenue esclave révoltée contre son sort qui, face à Agamemnon, dut parler au nom de son fils. 


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Ecoutez l'entretien dans la matinale du Festival réalisée par Zineb Soulaimani

LA GAVIOTA

C’est une histoire d’amour à sens unique. Konstantin, fils de la grande actrice Arkadina, aime Nina, elle-même actrice, qui tombe amoureuse de Boris, homme de lettres. C’est un drame sur le fil entre comédie et tragédie, qui se dénouera dans un coup de fusil. Entre-temps tous ces personnages auront été tourmentés par leurs désirs et affligés par leur inutilité et tout leur semblera vain… Accompagnée par le Centro Dramático Nacional d’Espagne qui se produit pour la première fois au Festival, Chela De Ferrari aborde La Mouette avec une distribution principalement composée d’interprètes malvoyants ou non voyants. La metteuse en scène péruvienne régénère les grands textes du répertoire au contact d’interprètes qui se définissent en situation de handicap. En rapprochant le public de leur expérience vécue, elle jette une lumière nouvelle sur la pièce de Tchekhov. 


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Ecoutez la présentation par Chela de Ferrari (en espagnol)

SEPT LECONS ET CINQ CONTES MOREAUX ELISABETH COSTELLO

Sous le nom d’Elizabeth Costello se cache un personnage créé par J.M. Coetzee. Citée pour la première fois dans l'une de ses conférences en 1999, elle revient par la suite dans son œuvre jusqu’à devenir une alter ego de l’auteur sud-africain. La vie fictive d’Elizabeth Costello – romancière à succès sur le retour – consiste en une série de prises de parole lors desquelles elle se distingue souvent par ses sorties de route. Krzysztof Warlikowski s’est laissé fasciner par cette autrice imaginaire et scandaleuse au point de l’accueillir à plusieurs reprises dans ses spectacles. Elle est le fil d’Ariane de cette création. Le théâtre du metteur en scène polonais chemine sur l’étroite ligne de crête qui sépare le fantasme de la réalité. Costello devient la compagne de voyage idéale pour explorer les zones grises situées en dehors des chemins balisés de la morale. 


Lire l'entretien avec Krzysztof Warlikowski

Ecoutez l'entretien avec Krzysztif Warlikowski

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Los diàs afueras

Avant Los dias afuera, Lola Arias a tourné un film dans une prison désaffectée avec d’anciennes personnes détenues : REAS. Ce spectacle musical est la seconde partie d’un diptyque commencé avec ce film. Il se concentre sur la vie d’après de ces femmes cisgenres et personnes transgenres. Désormais soignantes, chauffeuses de taxi ou travailleuses du sexe, elles se remémorent leurs conditions de détention et imaginent leur avenir hors les murs. Le théâtre, la danse, le chant deviennent des moyens de se reconstruire en s’appropriant un avenir incertain. Lauréate 2024 du prestigieux Prix Ibsen, Lola Arias est passée maîtresse dans l’art de mêler les genres et brouiller les pistes : se jouant des codes du music-hall dans une installation qui évoque les faubourgs de Buenos Aires, entre mouvements de voguing et airs de Cumbia, Los dias afuera est un hymne à la liberté. 


Interview de Lola Arias

Forever

C’est en assistant aux répétitions de Café Müller que Boris Charmatz a eu l’idée de Forever. Le nouveau directeur artistique du Tanztheater Wuppertal a voulu transmettre l’émotion toujours recommencée de la pièce mythique de Pina Bausch, qui semble avoir débuté avant l’arrivée du public et se poursuivre après son départ. Il a imaginé cette installation chorégraphique que visiteraient spectatrices et spectateurs. Sept heures durant, vingt-cinq interprètes se relaient pour performer Café Müller, alternant avec des interludes – paroles d’autrices, auteurs ou interprètes marqués par l’œuvre de Pina Bausch… Le dispositif permet au public de multiplier les points de vue, générant de nouveaux regards et de nouvelles sensations comme autant de spectacles possibles. Forever est sans fin : la danse continue pour toujours et à jamais. 

Interview de Boris Charmatz

Close up

À travers un langage chorégraphique original et souvent étourdissant, Noé Soulier n’a de cesse d’interroger le mouvement et l’intention qui l’anime. Pour Close Up, il construit une partition de verbes d’action – attraper, éviter, frapper, lancer… Autant d’impulsions qui modifient sur scène les gestes et la trajectoire des corps. Accompagnée par cinq musiciennes de l’ensemble Il Convito qui interprètent des pièces contrapuntiques de Bach – dont le célèbre Art de la fugue – jouant d’un subtil dispositif vidéo en temps réel, Close Up est une pièce aussi inventive qu’émouvante, fuyant toute abstraction pour nous plonger au cœur de ce que le chorégraphe appelle une polyphonie d’affects. 


Interview

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